mercredi 6 novembre 2013
Un poème de Jean Parvulesco:Que le Japon vive et revive dix mille ans
Que le Japon vive et revive dix mille ans
perdu sous les lilas de nos enfances pacifiques, cette rue d'équinoxe;car j'étais mort, étendu raide dans la paille pourrie; et mon cœur, par le feu saisi, aussi noir que ce mur où les flammes s'étaient levées à l'aube; tant de choses immenses pour en venir là, tant de paroles dévastées sous l'influence d'un rêve foudroyé, et tant
de roses brûlées vives, que le Japon vive et revive dix mille ans
les portes sont-elles ouvertes, et valides les ponts de glissement vers l'antre du palais, la cour intérieure produit-elle encore l'émotion hardie au rabaissement des gardes, la ritournelle oeuvrant par magie au gré des cuisses flambées par le désir des renards, par l'angle pourvoyeur de hautes béatitudes aux rayonnement de nos épées qui sauvent, ô robes adamantines vouées à effacer les chemins de nos généalogies taillées sur la falaise -
en hordes les corneilles, pour célébrer l'été aux viandes mortes, et les sanies pédagogiques de la terreur recommencée des autres, mouches infernales qui vrombissent en lie de rêve; et comme à n'en plus finir leurs doux sanglots profonds, leurs chevelures dénouées par les servantes illuminées aux basques de Bételgeuse, relais d'appauvrissement; une assemblée chuchotant,
buée sur ce miroir, que le Japon vive et revive dix mille ans
le long des précipices bleuis; qui recouvertes, par leurs soins de vastes draperies safranées désempoisonnent les vents métalliques du Kâli-Yuga, le délivré qui nous délivrera, nous-mêmes et la détresse des champs de l'automne occidental, l'effroi de nos chênaies aux branches mises à nu sous la gelée métapsychique des autres jours, et la honte infinie, transparente des buissons sacrés en descendant vers la vallée, à l'ombre du passé rompu avec une patience funéraire, comme argentée; avec le calme démanteleur et glacial des ruisseaux à la fonte des neiges, tardive et la plus humble, ainsi retrouve-t-on, aujourd'hui encore, en bas des glaciers, les premières eaux, les travailleuses, les mères du fleuve dont l'ultérieure majesté chantera, très secrètement, dans les fers du songe, l'amère cuisson de nos rosées philosophiques, breuvage boueux qui blessera la séditieuse fierté des gueux en arme, et lui, notre seigneur, en haillons de mercure, par leurs rivages enduits de cinabre vieux, donneur de quelle sérénité sur la ligne noire de nos veilles, ou indigo peut-être; et ensuite la plage non visitée où s'exaltent, en fin de course, toutes ces suaves paroles de liberté, les paroles mêmes de l'arrivée du Lac Dessalé, si les dieux jamais ne meurent, et que le Japon vive et revive dix mille ans
où que tu sois, dur instructeur des chevaleries occultes de Cassiopée les scintillants glaciers de tes voyances stellaires, ni l'engoulevent d'une conscience védique de la trans-histoire ne resteront trop loin de tes souvenirs en dérobade, qu'une pitié sans ruse et sans ostentation aucune, ni féminine, en déshabille les claires givrures et les huis-clos de tes sanglantes ramures, que le Japon vive et revive dix mille ans:
"chasseur je fus, dans l'objurgation mystériosophique des galeries sous l'ancien régime au violet solaire, et tapissées des cheveux d'or de la jeune fille qu'ils prirent en violence, à demi-étendue contre le tronc non dépouillé du Bel Acacia; qu'ils ne tiennent guère compte du cher sang versé, rompu déjà le pain des chairs déménadeuses, ni du sarment aux fulgurances carminées, que le Japon vive et revive dix mille ans -
évanouis dans l'archipel de feu et de ténèbres actives, ou transmutées que ne sont-ils pas restés les petits enfants des congères, jouant sous les sapins mouillés, dans la lumière même, ou toute proche, enveloppante de quelle vertigineuse douceur, disant l'éclat de sa gracile présence impériale, la si Jeune Mère de la Race des Solaires Venants sur Terre, Amaterasu. En ces instants de gloire principielle, me tenant tout recouvert, Moi-Même, par le Drap Rouge de Sa Présence, tressée aux fils mordorés de Sa très Rouge Présence, qui fut la Pierre Même de son Sang; limpide, où le Soleil Ardent et Jeune de ses commencements persiste à se vouloir cette enivrante rivière de haute-montagne; la même, qui s'embrasera à l'Orient, à l'Occident et dans le Cœur Fidèle de ce qui en suit le cours, et que le Japon vive et revive dix mille ans
nul autre, aucun autre que moi, et je me veux moi-même, étincelant, moi-même éternellement; or je le suis, et dans cette hutte métacosmique d'écorces mouillées au sang j'avale mes propres souffles, j'engivre le miroir de fer des non-reconnaissances: ces adorables seins, gonflés d'un vin brûlant, longuement je les caresse; je sens qu'il m'en vient la joie sublime des feux sur la Montagne Rouge et Noire, ma tunique déjà se recouvrant de plaques d'acier bleuâtre; et mes os résonnent sous la bouche calcinée de ceux qui vinrent là depuis le toit conceptuel des galaxies forcées dans leurs superbes veuvages, et par le chant de mes os cette hutte devient Palais Vivant, et cendre post-philosophiques; car je suis, en moi, la Source de Sang l'Ancienne, et la Nouvelle Source de Sang, et hors de moi je suis moi-même le sillage splendide des morts héroïques et nus, des blancs faucons à l'envol spectral qui retrouvèrent en eux la science de l'Eternel Empire, coincés eux-mêmes à l'abreuvoir aux flots cristallins de l'ensorceleuse fontaine des Angles Droits: crains qu'en cette vie tu doives parfaire le reste, et aux écumes framboisées tu crieras que le Japon vive et revie dix mille ans"
ainsi cette nouvelle voix vint-elle à nous parler avant d'avoir parlé; ainsi le vent du Sud apporte sur le dallage volcanique, l'essaim très assiégant de la fraîcheur des pruniers, l'ecussonnante - pétales sacrées nous livrant le rose mélancolique d'au-delà du mur, le vieux mur du soutènement de l'être; les tuiles sur sa crête grenat exhibent encore les signes de la fidélité sacrifiée dans l'impasse obscène où l'Anti-Règne fit écorcher vive ses chiennes, et le suicide boréal de Karl Haushofer ne referma les temps du déchaînement des écorces défuntes; et quand dans les cieux agonisaient les constellations triomphantes du lit arthurien, le Grand Continent livré aux charognard des inframondes sur les rivages éthiopiques de la récession occidentale de l'être; déliée la ceinture d'Orion; éteinte la flamme polaire de la Spiga Scintillans; les étendards de l'Absolu amour en berne dans les excavation antarctiques en nous de la détresse aux draps de ténèbres, de la déviance métacosmique sous les vents de la suprême déflagration des non-principes; le chant des Vieilles Nonnes à peine saisissable à l'Est du maidan héliocentrique; mais " dans les sables aux reflets de platine, sous les sapins, au bord du petit étang, quelle souche pardonnée de l'Ancien Sang, des Grands Extérieurs issue, recommencera le cheminement accéléré par les truites du réveil d'une caste plus oubliée que le viol de l'Ange Moi-Même; car il y eut serment; à la terrifiante entaille sur le Cœur de Diamant, et un serment encore plus foudroyé, que le Japon vive et revive dix mille ans.
Jean Parvulesco
Extrait du Cahier Jean Parvulesco, publié en en 1989, sous la direction d'André Murcie et de Luc-Olivier d'Algange, aux éditions Nouvelles Littératures Européennes.
voir aussi le blog, Les Cahiers de la Délie
http://cahiersdeladelie.hauetfort.com
Quatre livres de Jean Parvulesco, aux éditions Alexipharmaque:
Le Sentier perdu
Dans la forêt de Fontainebleau
La confirmation boréale
Rendez-vous au manoir du lac
www.alexipharmaque.net
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