dimanche 17 novembre 2013

Des relations acausales au réveil de Kernunos

" L'exception confirme la règle" dit-on. Mais il semblerait surtout que l'exception confirmât que la règle, soumise à la logique de cause et d'effet, n'est elle-même qu'une réalité statistique. Presque tous les phénomènes et tous les événements qui donnent un sens à notre existence lui échappent: analogies, symboles, presciences, lieux et moments talismaniques, qui se situent hors des lois communes de l'espace et du temps.
 
L'esprit scientiste, plus que véritablement scientifique, se contente de classer ces phénomènes dans la vague rubrique du "hasard", manifestant par là même un choix moral prétentieux à dire ce qui doit être tenu pour important ou pour négligeable. Pour important, ce qui s'inscrit dans une statistique, ou une sorte de macro-économie du réel, pour négligeable, tout le reste, c'est-à-dire l'infime et l'immense. Il s'ensuit ce monde carcéral, utilitaire et puritain où cette morale de la médiocrité prétend nous faire vivre, - mais en vain.

Les êtres humains n'existent pas dans une statistique. Le fait même d'exister est non-statistique. Les relations qu'ils établissent avec d'autres êtres humains et le monde plié ou déplié en des espace-temps variables, est constitué, pour l'essentiel, d'exceptions et de corrélations acausales, que l'on pourrait dire magiques.
 
Le temps linéaire, ce temps d'usuriers, ce temps du travail à la chaine, ce temps de banquiers et d'exploiteurs, est une abstraction pure, à laquelle, littéralement, rien ne correspond. Ce monde sans correspondance creuse un redoutable néant dans l'âme, - que les Modernes feignent de pouvoir combler par des techniques de communication, - mais alors ce sont les machines qui communiquent entre elles par l'entremise des hommes.

Un libre-arbitre souverain nous appartient cependant de consentir ou non à vivre dans ce simulacre. Laisser le monde advenir en soi pour le transfigurer, ou s'en exclure, devant un écran, dans ce "cauchemar climatisé" que sera le monde parfaitement "globalisé". Un livre, qui vient de paraître, Le réveil de Kernunos, de Jean-Paul Bourre, donne à la possibilité de ce choix une réponse arthurienne.

                                                                     Luc-Olivier d'Algange

Le réveil de Kernunos, éditions Alexipharmaque
www.alexipharmaque.net

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire